Le Ploussard, également nommé Poulsard, est un cépage rouge emblématique du Jura, particulièrement associé au village de Pupillin qui en revendique fièrement la paternité. Il s’agit d’un cépage singulier, reconnaissable entre tous, dont la délicatesse contraste avec l’intensité aromatique qu’il peut offrir. Sa peau très fine, pauvre en anthocyanes, explique la couleur étonnamment claire des vins qu’il engendre : des rouges rubis translucides, presque sanguins, parfois plus proches d’un rosé soutenu que d’un rouge profond.
C’est un cépage de terroir jurassien par excellence, qui s’épanouit sur les marnes rouges, les argiles et les sols calcaires. Il est assez vigoureux et demande une attention constante, notamment parce qu’il est sensible à l’oïdium et à la pourriture. Les rendements peuvent varier, généralement entre 35 et 55 hectolitres par hectare selon les choix culturaux. Le climat jurassien, avec ses hivers rigoureux et ses étés modérés, lui permet de mûrir lentement et d’exprimer une fraîcheur naturelle qui reste sa marque de fabrique.
Sur le plan organoleptique, le Ploussard se distingue par un profil unique : son identité aromatique s’oriente vers les petits fruits rouges croquants (groseille, griotte, framboise), la fraise des bois, des touches florales de rose et parfois une note délicatement terreuse ou légèrement épicée. En bouche, il offre une structure aérienne, des tanins fins et poudrés, une acidité vive et une grande buvabilité. Cette combinaison crée un style de vin léger, pur et digeste, sans lourdeur, mais non dénué de complexité.
Il produit principalement des vins rouges et rosés, parfois tranquilles, parfois légèrement perlants selon les producteurs. Leur potentiel de garde varie : les versions les plus fines se dégustent idéalement dans les cinq premières années, tandis que les cuvées de terroir plus concentrées peuvent évoluer sur une décennie ou davantage.
Cépage identitaire, presque confidentiel, le Ploussard occupe une place à part dans le paysage viticole français. Là où d’autres cépages cherchent la puissance, il choisit la nuance ; là où certains imposent, il suggère. Il raconte non seulement l’histoire du Jura, mais aussi une autre vision du vin : celle de la légèreté pleine, de l’arôme sans violence et d’une poésie rouge transparente que seul lui sait écrire.