Le Gamay, cépage noir à jus blanc, est né très probablement
en Bourgogne — plus précisément dans la région de Saint-Aubin vers le XIVᵉ
siècle. En 1395, Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, le chasse de ses terres,
le trouvant “rustique” et “indigne” face au noble Pinot Noir.
Alors banni, le Gamay descend vers le sud, trouve refuge dans le Beaujolais,
grimpe sur les coteaux granitiques et… là, miracle : il révèle sa vraie nature.
Aujourd’hui, il est le roi du Beaujolais (où il couvre plus
de 22 000 hectares).
On le retrouve également :
Loire (Touraine, Anjou, Côte Roannaise, Coteaux du
Lyonnais), Savoie (Chautagne, Jongieux), Suisse, Canada, États-Unis (Oregon,
Californie) et quelques éclats dispersés en Italie du Nord.
Il affectionne les sols granitiques, schisteux, parfois
sableux, qui affinent sa trame et donnent de la profondeur à son fruit.
Peau fine, grains serrés, mûrit tôt : d’où sa capacité à
être gourmand et juteux.
Sensible à la sécheresse excessive, mais brillant dans les
climats tempérés où les nuits restent fraîches.
Productif s’il n’est pas maîtrisé son talon d’Achille : il
donne vite du volume si on le laisse faire.
Le Gamay est le champion du fruit.
Ses marqueurs principaux : Cerise, framboise, fraise, groseille, Violette et pivoine,
parfois des notes de poivre blanc, d’épices douces, et même de graphite sur
granit.
Il peut être vinifié : En macération carbonique → style
“Beaujolais Nouveau” : très fruité, croquant, gourmand, peu tannique.
En vinification traditionnelle → donne plus de profondeur,
de structure, un vin plus sérieux.
En élevage long → peut devenir étonnamment complexe et élancé,
capable de vieillir 10 à 15 ans (notamment en crus du Beaujolais).
Dans le Beaujolais, il prend douze visages, dont les 10 crus
emblématiques :
Morgon, Moulin-à-Vent, Fleurie, Juliénas, Chénas, Brouilly, Côte-de-Brouilly,
Saint-Amour, Chiroubles, Régnié.
Moulin-à-Vent & Morgon → charpentés, terriens, aptes au
vieillissement (le Gamay qui roule des épaules).
Fleurie & Chiroubles → florales, délicats, presque
dansant (le Gamay en ballerine).
Juliénas & Chénas → énergique, droit, parfois épicé (le
Gamay qui serre la main un peu fort).