Éloi Dürrbach est né dans une famille d’artistes, un univers où l’on apprenait d’abord à regarder avant d’apprendre à faire. Son père, peintre, l’a initié très tôt à la manière dont la lumière tombe sur un paysage, dont une ligne peut en contenir mille. C’est dans les Alpilles, près de Saint-Rémy, qu’il trouve son ancrage, attiré par ces collines calcaires où la garrigue touche le ciel. Ce n’est pas une enfance destinée à la vigne au départ, mais plutôt à l’architecture : Éloi fait ses études dans ce domaine, avec l’idée de construire, de tracer, d’habiter le monde. Et pourtant, c’est un autre type d’œuvre qu’il finira par bâtir.
Au début des années 1970, il découvre un mas en ruine au pied de la montagne de la Caume, entouré de friches, de restanques effondrées, d’oliviers fatigués. Il décide de s’y installer, de planter des vignes là où les anciens les avaient abandonnées. Il apprend le vin en faisant, en observant, en écoutant la terre, les anciens du village, la météo, les silences. Sans céder aux modes ni aux injonctions. Lorsqu’il élabore ses premiers assemblages, il choisit naturellement de mêler Syrah et Cabernet Sauvignon, cépages qu’il juge complémentaires pour exprimer la couleur, la droiture, la profondeur du paysage des Alpilles. Un choix alors jugé contraire aux usages, qui lui vaudra plus tard de quitter l’appellation et d’assumer le statut de Vin de France. Il ne changera rien.
Une anecdote raconte qu’à ses débuts, on lui disait : « Tu ne pourras jamais faire un grand vin ici, le sol est trop pauvre, le climat trop sec. » Il a souri, planté encore quelques rangs, relevé les pierres, patiemment. Puis un jour, lors d’une dégustation, un visiteur s’est tu un long moment avant de dire : « On sent la montagne. » Éloi aurait simplement répondu : « C’est elle qui travaille, moi je l’accompagne. »
C’est peut-être là que tout se tient : un homme, une colline, un vin devenu paysage.
Cépages :
Cabernet Sauvignon, Syrah, Marsanne, Roussanne, Grenache blanc, Clairette, Marsanne et Chardonnay