La Vieille Prune Etter est l’une des grandes eaux-de-vie
fruitées de la maison Etter Söhne AG, fondée en 1870 à Zoug, en Suisse.
Héritière d’une tradition de distillation artisanale vieille de plus de 150 ans,
elle exprime l’essence des vergers helvétiques dans une version vieillie en
bois, plus ronde et patinée que les eaux-de-vie blanches traditionnelles. Etter
s’est imposée au fil du temps comme la référence du kirsch suisse, mais aussi
comme un maître dans la distillation des fruits à noyau, notamment la prune,
dont elle tire ici une version noble, ample et complexe : la “Vieille Prune”.
Cette eau-de-vie est issue exclusivement de prunes suisses
mûries à cœur, principalement des variétés Löhr et Fellenberg, récoltées à la
fin de l’été sur des vergers de moyenne altitude autour du lac de Zoug. Les
fruits sont cueillis à maturité optimale, triés à la main, puis fermentés
naturellement pendant 7 à 10 jours sans ajout de levures artificielles.
La distillation est effectuée en double chauffe lente dans des alambics en
cuivre, selon la méthode traditionnelle Etter, avec une sélection rigoureuse du
cœur de chauffe. Environ 10 kg de prunes fraîches sont nécessaires pour obtenir
70 cl d’eau-de-vie pure.
Après distillation, le distillat est élevé pendant 3 à 5 ans, en partie dans
des bonbonnes de verre, en partie en fûts de chêne français légèrement toastés.
Cet élevage partiel en bois confère à la “Vieille Prune” sa teinte ambrée
dorée, sa texture veloutée et ses nuances d’épices douces et de fruits secs.
Durée d’élevage : 3 à 5 ans (mix verre / bois)
Rendement : ≈ 7 % du poids du fruit.
Production annuelle estimée : autour de 10 000 bouteilles.
Filtration : très légère, pour préserver le gras naturel et
la puissance aromatique.
Les vins du domaine
On peut faire remonter les racines de l’entreprise à 1823,
quand Johann Baptist Etter, exploitant du “Berglihof” à Menzingen (dans le
canton de Zoug), commença à distiller en activité secondaire, notamment du
kirsch à base de ses cerises. Il s’agissait alors d’une pratique domestique,
liée à l’autonomie paysanne, mais aussi à l’expérimentation fruitière.
Cette étape familiale, modeste mais visionnaire, jeta les
bases d’un savoir-faire local, encore transmis dans la maison Etter
aujourd’hui.
En 1870, Paul Etter (fils de Johann Baptist Etter) donna une
impulsion décisive : il transforma l’activité domestique en distillerie
professionnelle, en s’installant à Zoug, à la Poststrasse 23 (Poststrasse).
L’activité du kirsch passa de l’échelle domestique à celle d’un commerce
établi.
À cette époque, l’accent fut mis sur la qualité du fruit, la
pureté de la distillation, et la consolidation d’une réputation régionale.
Très progressivement, la distillerie Etter devint un nom
fortement associé au kirsch de Zoug, grâce à son exigence et sa constance
qualitative.
En 1923, ce sont les frères Johann et Josef Etter qui
reprirent la direction de l’entreprise familiale, après la génération de Paul
Etter.
En 1926, la construction d’une nouvelle distillerie eut lieu
sur la Baarerstrasse (à l’époque en périphérie de Zoug) pour répondre aux
besoins croissants et à l’expansion des installations. Johann Etter, notamment,
mena l’entreprise avec constance durant de nombreuses décennies.
Dans les années suivantes, Etter fidélisa une clientèle
nationale et passa progressivement d’une production locale à une distribution
plus large, tout en conservant son ancrage familial et son attention aux
traditions.
En 1974, la transmission passa à la troisième génération : Hans
Etter prit la tête de la distillerie à l’âge de 25 ans, marquant une nouvelle
ère de professionnalisation.
En 1980, Etter fit un pas majeur : la distillerie
construisit des installations modernes à l’emplacement de Chollermüli, en
limite de la ville de Zoug, pour répondre aux exigences techniques croissantes
d’un marché des spiritueux.
Jusqu’en 1981, Etter demeura fidèle à une production
exclusivement axée sur le kirsch / eau-de-vie de cerise. C’est cette année-là
que la Maison s’ouvrit à la diversification en eaux-de-vie d’autres fruits —
poire, prune, coing, pomme, etc. — tout en conservant son identité.
En 1982, Etter lança ses célèbres carafes à fruits en verre,
un geste marketing devenu iconique, qui accentua le lien visuel entre la
bouteille et le fruit distillé.
En 1995, la maison célébra son 125ᵉ anniversaire, en
publiant notamment une carafe ornée d’un arbre de fruits qui devint une
signature visuelle reconnue.
En 2006, Hans Etter devint l’unique propriétaire de
l’entreprise, les autres membres de la famille cédant progressivement leurs
parts.
En 2007, Etter franchit une nouvelle frontière : la
distillation de son premier whisky, baptisé JOHNETT, portant le nom du chef de
la génération en place. Ce whisky, de style suisse, marque l’ouverture de la
maison vers des spiritueux au-delà des eaux-de-vie fruitières.
En 2012, la quatrième génération (Eveline et Gabriel
Galliker-Etter) prit officiellement la direction, renouant avec l’esprit
familial tout en poursuivant modernité et innovation.
En 2020, Etter célébra ses 150 ans d’existence (en tenant
compte de la date de 1870 comme base opérationnelle). À cette occasion, la
maison lança le premier lot de RUM1823 (hommage à l’origine datée 1823) comme
extension de sa collection de spiritueux.
En 2021, Etter introduisit son premier gin, témoignage de la
capacité de la maison à marier tradition et expérimentation.
En 2024, Hans Etter cessa ses fonctions de président du
conseil d’administration, laissant Eveline et Gabriel Galliker-Etter comme
seuls propriétaires et fers de lance du développement futur.
Etter est souvent décrite comme la plus ancienne distillerie commerciale suisse
encore en main de la famille fondatrice, avec une continuité de direction de
génération en génération.
Spécialisation originelle sur le kirsch / cerise
Pendant plus d’un siècle, le kirsch resta le cœur exclusif de la production. La
réputation mondiale d’Etter se bâtit sur cette excellence en cerise. Ce n’est
qu’à partir de 1981 que l’entreprise osa diversifier ses fruits.
Une technique qui lui est propre : les eaux-de-vie sont souvent vieillies dans
des bonbonnes de verre (demijohns), afin de préserver la pureté aromatique du
fruit sans impartir de caractère bois prononcé.
L’introduction des carafes à fruits en verre (1982), le design gaufré « Etter
Suisse 1870 », et le soin esthétique apporté aux bouteilles ont renforcé la
marque.
Le lancement du whisky JOHNETT (2007), du gin, du RUM1823, et l’extension vers
les liqueurs ou les spiritueux d’agrumes montrent une capacité à évoluer sans
renier son ADN fruitier.