Le Kirsch Etter est l’expression la plus pure du patrimoine
spiritueux suisse. Né au cœur du canton de Zoug, cette eau-de-vie cristalline
incarne plus de 150 ans de tradition familiale, transmise depuis la fondation
de la distillerie Etter en 1870 par Paul Etter. Le terroir de Zoug, connu
depuis le XVIIIᵉ siècle pour ses cerisiers, offre un microclimat tempéré et un
sol argilo-calcaire favorables à la production de fruits aromatiques. Le kirsch
est devenu au fil du temps le symbole du savoir-faire helvétique, protégé aujourd’hui
par l’appellation Zuger Kirsch AOP, dont Etter est l’un des ambassadeurs
historiques.
L’Etter Kirsch est élaboré exclusivement à partir de cerises
suisses, notamment les variétés Löhr, Dollenseppler et Rigi, récoltées à pleine
maturité entre juin et juillet. Environ 9 kg de cerises fraîches sont
nécessaires pour obtenir une seule bouteille de 70 cl. Les fruits sont égrappés,
écrasés et fermentés naturellement durant plusieurs jours, sans levures
ajoutées, afin de préserver l’authenticité aromatique du fruit.
La distillation s’effectue selon la méthode traditionnelle
en double chauffe dans des alambics en cuivre, avec une sélection extrêmement
rigoureuse du cœur de chauffe. Seule la fraction centrale, la plus fine et la
plus pure, est conservée pour la mise en vieillissement.
L’eau-de-vie est ensuite maturée 2 à 3 ans dans des bonbonnes
de verre (et non en bois), à température constante, pour affiner la texture et
adoucir les arômes sans altérer la transparence du fruit. La réduction au degré
final se fait avec de l’eau de source du Zugerberg.
Vieillissement : 2–3 ans en verre
Production annuelle : environ 20 000 bouteilles
Rendement : ≈ 7 % volume d’alcool pur par rapport au poids
du fruit distillé.
Les vins du domaine
On peut faire remonter les racines de l’entreprise à 1823,
quand Johann Baptist Etter, exploitant du “Berglihof” à Menzingen (dans le
canton de Zoug), commença à distiller en activité secondaire, notamment du
kirsch à base de ses cerises. Il s’agissait alors d’une pratique domestique,
liée à l’autonomie paysanne, mais aussi à l’expérimentation fruitière.
Cette étape familiale, modeste mais visionnaire, jeta les
bases d’un savoir-faire local, encore transmis dans la maison Etter
aujourd’hui.
En 1870, Paul Etter (fils de Johann Baptist Etter) donna une
impulsion décisive : il transforma l’activité domestique en distillerie
professionnelle, en s’installant à Zoug, à la Poststrasse 23 (Poststrasse).
L’activité du kirsch passa de l’échelle domestique à celle d’un commerce
établi.
À cette époque, l’accent fut mis sur la qualité du fruit, la
pureté de la distillation, et la consolidation d’une réputation régionale.
Très progressivement, la distillerie Etter devint un nom
fortement associé au kirsch de Zoug, grâce à son exigence et sa constance
qualitative.
En 1923, ce sont les frères Johann et Josef Etter qui
reprirent la direction de l’entreprise familiale, après la génération de Paul
Etter.
En 1926, la construction d’une nouvelle distillerie eut lieu
sur la Baarerstrasse (à l’époque en périphérie de Zoug) pour répondre aux
besoins croissants et à l’expansion des installations. Johann Etter, notamment,
mena l’entreprise avec constance durant de nombreuses décennies.
Dans les années suivantes, Etter fidélisa une clientèle
nationale et passa progressivement d’une production locale à une distribution
plus large, tout en conservant son ancrage familial et son attention aux
traditions.
En 1974, la transmission passa à la troisième génération : Hans
Etter prit la tête de la distillerie à l’âge de 25 ans, marquant une nouvelle
ère de professionnalisation.
En 1980, Etter fit un pas majeur : la distillerie
construisit des installations modernes à l’emplacement de Chollermüli, en
limite de la ville de Zoug, pour répondre aux exigences techniques croissantes
d’un marché des spiritueux.
Jusqu’en 1981, Etter demeura fidèle à une production
exclusivement axée sur le kirsch / eau-de-vie de cerise. C’est cette année-là
que la Maison s’ouvrit à la diversification en eaux-de-vie d’autres fruits —
poire, prune, coing, pomme, etc. — tout en conservant son identité.
En 1982, Etter lança ses célèbres carafes à fruits en verre,
un geste marketing devenu iconique, qui accentua le lien visuel entre la
bouteille et le fruit distillé.
En 1995, la maison célébra son 125ᵉ anniversaire, en
publiant notamment une carafe ornée d’un arbre de fruits qui devint une
signature visuelle reconnue.
En 2006, Hans Etter devint l’unique propriétaire de
l’entreprise, les autres membres de la famille cédant progressivement leurs
parts.
En 2007, Etter franchit une nouvelle frontière : la
distillation de son premier whisky, baptisé JOHNETT, portant le nom du chef de
la génération en place. Ce whisky, de style suisse, marque l’ouverture de la
maison vers des spiritueux au-delà des eaux-de-vie fruitières.
En 2012, la quatrième génération (Eveline et Gabriel
Galliker-Etter) prit officiellement la direction, renouant avec l’esprit
familial tout en poursuivant modernité et innovation.
En 2020, Etter célébra ses 150 ans d’existence (en tenant
compte de la date de 1870 comme base opérationnelle). À cette occasion, la
maison lança le premier lot de RUM1823 (hommage à l’origine datée 1823) comme
extension de sa collection de spiritueux.
En 2021, Etter introduisit son premier gin, témoignage de la
capacité de la maison à marier tradition et expérimentation.
En 2024, Hans Etter cessa ses fonctions de président du
conseil d’administration, laissant Eveline et Gabriel Galliker-Etter comme
seuls propriétaires et fers de lance du développement futur.
Etter est souvent décrite comme la plus ancienne distillerie commerciale suisse
encore en main de la famille fondatrice, avec une continuité de direction de
génération en génération.
Spécialisation originelle sur le kirsch / cerise
Pendant plus d’un siècle, le kirsch resta le cœur exclusif de la production. La
réputation mondiale d’Etter se bâtit sur cette excellence en cerise. Ce n’est
qu’à partir de 1981 que l’entreprise osa diversifier ses fruits.
Une technique qui lui est propre : les eaux-de-vie sont souvent vieillies dans
des bonbonnes de verre (demijohns), afin de préserver la pureté aromatique du
fruit sans impartir de caractère bois prononcé.
L’introduction des carafes à fruits en verre (1982), le design gaufré « Etter
Suisse 1870 », et le soin esthétique apporté aux bouteilles ont renforcé la
marque.
Le lancement du whisky JOHNETT (2007), du gin, du RUM1823, et l’extension vers
les liqueurs ou les spiritueux d’agrumes montrent une capacité à évoluer sans
renier son ADN fruitier.